Intériorité?
L'intériorité au plan spirituel n'est pas le fait de contempler les rouages de son mental, de son ego, mais bien une tension, une ouverture vers l'Absolu, vers l'Être qui EST avec pour corollaire que l'on est de la même « nature », de la même essence, de la même Réalité.
Certes, on peut regarder les processus de son mental, regarder les contenus, de façon générale, de deux points de vue différents. Soit dans un but d'analyse - le mental analyse le mental -, pour mieux entendre et comprendre le fonctionnement du psychisme dans une optique de psychologie. Soit dans un but de détachement par la pratique de la méditation - on apprend à regarder le mental dans, en la conscience en apprenant à « être juste là » - où l'on se contente de laisser passer les « vagues du mental » dans l'attente d'un passage au calme ou d'un retour au calme. Il faut remarquer que les « vagues du mental » englobent toute perception : sensations diverses liées aux cinq sens, les formes psychiques liées aux fonctions mentales. L'état de calme atteint, on ne parlera d'intériorité que si la méditation se fait les yeux fermés excluant ainsi la modalité corporelle vue comme extérieure. Mais si l'état de calme est atteint les yeux ouverts, alors on ne peut plus vraiment parler d'intériorité et d'extériorité, les deux modalités étant « dépassées » dans le « être juste là. » Et l'intériorité est vue comme extériorité, et l'extériorité comme intériorité, mieux une vision unifiée non limitée à l'un ou l'autre point de vue.
C'est cette deuxième pratique qui, normalement, est suscitée par cette ouverture vers et à l'Absolu, la Réalité une et sans deuxième. Progressivement s'installe l'identification à Cela : on prend conscience que l'on est Cela, on vit « être Cela », c'est le phénomène de l'éveil à l'éternité, à l'immutabilité. On comprend, on saisit pour le moins, en l'expérimentant. Soulignons que nous sommes nécessairement Cela puisqu'il n'y a rien hors Cela. Nous pouvons encore nous en rendre compte en nous appuyant sur la fameuse image de Dieu vu comme une « sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » En effet, quelque soit l'endroit pris, cet endroit est nécessairement à une distance infinie, dans toutes les directions, de la « limite » (plus exactement l' absence de limite) de la sphère. Et il en résulte que tout individu, de ce point de vue, est « centre » à partir duquel sa perception s'étend, et c'est pourquoi, l'on peut dire que Dieu est en chacun de nous sans qu'il se réduise à quiconque. De même, peut se vérifier la citation « Celui qui ne voit pas Dieu partout ne le trouve nulle part », et c'est ainsi que tout « fini » s'ouvre à l'infini pour y disparaître. Ne manquons pas de relever quelques citations de Maître Eckhart qui illustrent ces propos en les confirmant :
- Dans le royaume des Cieux, tout est dans tout, tout est un, et tout est en nous.
- Observe-toi toi-même, et chaque fois que tu te trouves, laisse-toi ; il n'y a rien de mieux.
- Plus Dieu est en toutes choses, plus Il est en dehors d'elles. Plus Il est au-dedans, plus Il est au-dehors.
- L'œil dans lequel je vois Dieu est le même que celui dans lequel Dieu me voit. Mon œil et l'œil de Dieu sont un seul et même œil, une seule et même vision , une seule et même connaissance, un seul et même amour.